Regardez-vous dans un miroir ? Que voyez-vous ? Qui voyez-vous ? Plongez intensément dans ce regard que vous croyez connaître… Pensez-vous réellement savoir qui vous êtes ? Autant de questions qui parfois soulèvent le voile sur nos parts d’ombres.

Mes masques et Moi

Les masques que je porte - emergence et conscience

Les masques que je porte – emergence et conscience

Nous croyons nous connaître, savoir qui l’on est. Nous croyons à ce que nous voyons, dans l’image que l’on renvoie aux autres mais aussi à soi-même. Mais sommes-nous réellement ce que nous montrons ?

A vrai dire, peu de personnes se posent vraiment la question. Il arrive parfois que l’on ressente un malaise en nous, une sensation de mal-être, le sentiment d’être perdu.

Advient alors des interrogations sur notre bonheur, une réflexion sur nos relations amicales, familiales et peut-être notre vie amoureuse. Mais très vite, survient notre conscience moralisatrice qui fait taire tout ce remue-ménage dans notre tête et nous remet sur les rails !

Pas question de changer, sous peine de crash si violent que l’on doute pouvoir en sortir vivant.

Remettre en question tous ces modèles façonnés depuis tant d’années et avec tant de volonté serait vouloir se faire souffrir. Du moins, c’est ce que notre mental veut essayer de nous faire croire. Nous avons créé des masques qui cohabitent perpétuellement entre eux et notre Moi.

Tellement identifiés à eux, il nous est impossible de nous en séparer. C’est du moins ce que l’on pense quand l’un d’entre eux devient dérangeant ou nous empêche de nous épanouir dans notre vie.

Comment se crée t-on des masques ?

Enfant que je suis au départ, je laisse naturellement aller ma nature curieuse, mon envie d’explorer et éveille mes sens à tout ce qui m’entoure. Du très agréable au dérangeant et parfois jusqu’à la douleur physique et psychique, il va me falloir construire mon identité. Jusque là, tout est normal. Si je veux communiquer et vivre dans ce monde qui m’entoure, il me faut expérimenter.

Où tout se complique, c’est lorsque de ces expériences, il en ressort des conclusions erronées. Prenons comme exemple, une expérience d’enfant afin de mieux comprendre ce qui précède :

Enfant sale - pixabayPierre est un petit garçon actif qu aime à jouer à l’aventurier. Chaque fois qu’il peut s’échapper au jardin, il s’invente un monde fantastique, dans lequel il doit traverser des épreuves. Cela se traduit par des glissades sur l’herbe verte, se trainer dans la terre et gratter de ses petits doigts le sol noir et humide.

Une fois l’aventure terminée, il rentre à la maison pour retrouver maman et son goûter…A sa vue, sa mère change de visage, se met à hausser le ton et montre à Pierre son mécontentement manifeste. S’ajoute des mots, le jugement et peut-être au final,  la punition !

« As-tu vu dans l’état que tu es ?  » « Tu es tout sale, tu es vilain » « Maman ne t’aime plus »… » Tu n’es pas gentil’…La colère de maman engendre des paroles et une attitude disproportionnée, certes, à la situation. Pour les raisons qui sont les siennes maman ne veut pas que Pierre se salisse ainsi. 

Malgré son incompréhension, Pierre en déduit qu’il n’est pas gentil, que jouer dans l’herbe c’est sale et de plus lui fait perdre l’amour de sa maman. Il enregistrera alors un sentiment de rejet (plus ou moins prononcé si la leçon lui est resservie plusieurs fois). Pour l’enfant qu’il est, c’est insupportable. Il perd sa sécurité et son appartenance au clan. 

Ce qui équivaut à un danger. Il est impossible pour l’enfant de se passer de l’amour de maman. Il faut à tout prix regagner cet amour et sa place de « gentil ».

Se coupant de ses envies et plaisirs éprouvés lors du jeu, il va développer une attitude différente que celle qui lui est venue spontanément afin de retrouver le lien au clan et ne plus sentir ce sentiment de rejet en lui.

Le masque est née. Il ne reste plus qu’à le porter au bon moment. C’est à dire chaque fois qu’il se sentira rejeté ou qu’on lui renverra qu’il n’est « pas gentil »…

Pourquoi conservons-nous adultes, ces masques ?

Les jours passant, notre petit Pierre oubliera vite cette anecdote et son envie naturelle de jouer l’incitera de nouveau à se rouler dans l’herbe. Mais certainement plus de la même manière. Il deviendra plus attentif aux réactions de sa mère et des siens en général de façon à recevoir leur approbation, ne serait-ce qu’au travers de leur regard.

Il en déduira que s’il veut être aimé, il faut être obéissant. Et pour ne pas être rejeté, il lui faut être gentil.

Puis, l’adolescence pointe son nez avec son lot d’affirmation. Deux attitudes se présenteront à lui :

  • Soit il conserve sa place auprès de maman et se soumet. Il se comporte « en apparence » comme elle le souhaite. Dehors (hors du clan) il peux être différent, il n’a rien à perdre (tant que les sentiments amoureux n’ont pas encore pointé le bout de leur nez…).
  • Soit il se rebelle et c’est lui qui rejette alors l’amour du clan. Il va confirmer sa croyance « de ne pas être gentil » en inversant les rôles et en activant ainsi sa blessure de rejet. Cette fois-ci c’est lui qui rejette.

Une fois adulte, il va perpétuer son besoin de reconnaissance (si je suis gentil, on va m’aimer) et créer de nouveaux masques adaptés aux différents domaines de sa vie (social, affectif, sentimental etc…). Il sera identifié à cette personnalité qu’il a fait sienne.

N’étant plus conscient de l’événement qui a crée ce comportement adaptatif, il se croit certain d’être lui-même et ne remettra jamais en cause son attitude. Il se placera tout au plus comme victime des autres s’il se sent rejeté, pensant qu’il n’est en rien responsable dans ce qui lui arrive.

 

Comment se libérer de ses masques ?

Se liberer de ses masques -emergence et conscienceLa première étape consiste à  prendre conscience de ses fonctionnements. Reconnaître les masques que l’on porte et accepter le fait que nous les avons crées de toutes pièces. Non sans raison comme nous l’avons vu plus haut. Mais créer quand même !

La deuxième étape est de savoir si il est important de conserver ou pas ses masques.

  • En quoi cela m’est-il utile d’agir ainsi aujourd’hui ?
  • Cela me rend-il heureux(se) de continuer à toujours être « gentil » pour me faire aimer des autres ?
  • Qu’est-ce que je risque si je pose mes masques ?
  • A qui vais-je déplaire ?
  • Qui est la personne la plus importante à mes yeux ? L’autre ou moi ?

La troisième étape est alors de transformer ce sentiment de rejet en un sentiment plus valorisant de soi et annuler par voie de conséquence la croyance : « être gentil pour être aimé ».

 

Moi sans mes masques

Ces trois étapes ne peuvent se réaliser sans une démarche volontaire de connaissance de nos schémas adaptatifs face à notre environnement. C’est notre sentiment d’être heureux ou pas qui va être le révélateur d’une dichotomie entre ce que je suis et ce que je montre au monde.

Se libérer de ses masques n’est pas chose facile car elle va demander d’affronter nos parts d »ombres, de retrouver ce petit enfant en nous et surtout de pardonner à nos référents, en l’occurrence nos parents (ou personnes ayant pris ce rôle).

Ce n’est toutefois qu’à ce prix que l’on peut espérer retrouver qui l’on est vraiment et s’épanouir enfin. Aimer qui l’on est pour ce que l’on est, sans détours ni faux-semblants.

On acquière  alors le sentiment profond d’estime de soi et développons envers nous un regard plus indulgent et surtout plus aimant. Notre vrai visage apparaît et l’on découvre enfin !

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Découvrir qui l’on est, retirer ses masques, ça s’apprend !

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